Frankenstein de Mary W.Shelley aux éditions Le Livre de Poche

Peu adepte des romans de la littérature dite « classique », je m’y frotte de temps en temps avec l’espoir de finir par accrocher. Sans me réconcilier avec le genre, Frankenstein de Mary W.Shelley, aux éditions Le Livre de Poche, fut une lecture facile d’accès et fascinante. À tout juste 20 ans, Mary Shelley  livre avec ce roman une véritable autopsie de la nature humaine.


Frankenstein

Pour l’époque, l’auteure réalise un tour de force : réussir à s’imposer en tant que femme dans le monde littéraire gothique avec ce conte macabre aux fondations morbides. Pour la bidoche ou la suture, passez votre chemin. C’est avec beaucoup de clairvoyance, de retenue et de poésie que Mary Shelley pose un regard critique sur les différences et les exclusions dans la société de l’époque.

Malgré certains progrès, Frankenstein souligne que deux siècles plus tard, le poids du regard des autres & la peur de l’inconnu pèsent toujours dans nos relations sociales.


Frankenstein se morcelle, à l’image du monstre, à travers plusieurs histoires : celle retranscrite dans les lettres de Walton à sa sœur, celle de Victor Frankenstein et celle de la créature qui n’a pas de nom.

Victor Frankenstein, horrifié d’avoir pu créer un tel être, abandonne sa créature, dotée d’une vie qu’elle n’a pas demandé, dans le monde des hommes cruels et impitoyables. Privé du B.A.-BA de la sociabilisation, mais doué de l’instinct grégaire humain, le monstre se cultive en observant ses (im)pairs.

Malgré sa bonne volonté et son intelligence des sentiments, la créature rejetée n’inspire qu’horreur et répulsion. La haine filiale se dessine dans le cœur, profondément blessé, de la créature. Abandonnant sa quête d’amitié et d’amour, elle orchestre une vengeance meurtrière à l’encontre Victor Frankenstein qui lui impose la solitude et lui refuse une compagne à son image.

Le travail de Mary Shelley sur la psychologie des personnages est très précis : elle modèle des êtres profonds dont les émotions exhalent à chaque ligne. Roman torturé et réfléchi, Frankenstein met en évidence les dualités dans les notions du bien et du mal. De l’amour et de la haine. De la folie et de la raison.

Les oppositions entre Victor Frankenstein et sa créature sont récurrentes. Pourtant, leurs vies sont étroitement liées et similaires : elles ne sont que malheur, désespoir et chagrin.


Avec les longueurs caractéristiques de l’époque, je regrette un peu la phase d’introduction assez pesante de mon édition. Toutefois, j’ai trouvé Frankenstein très accessible pour une novice comme moi. Lectrice sensible aux registres du fantastique et de l’épouvante, ces dimensions ont su me faire apprécier ce roman critique de la société et de la communauté scientifique.

Lac Léman, Genève 

 

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