D’abord ils ont tué mon père de Loung Ung aux éditions J’ai Lu

En 1975, Loung Ung est une petite fille de 5 ans, avant-dernière d’une fratrie de 7 : elle vit à Phnom Penh au sein d’une famille aisée, jusqu’à l’arrivée dans la ville de l’Angkar et de son armée de Khmers rouges.

D’abord ils ont tué mon père

C’est l’histoire vraie d’une petite fille ayant vécu et survécu à la guerre : celle d’un régime politique paranoïaque et brutal contre son propre peuple.

Génocide, crime contre l’humanité… si personne ne s’accorde sur le terme pour désigner les crimes de cette dictature communiste, tout le monde s’entend sur l’ampleur et l’horreur du régime du Kampuchéa « démocratique » contre les Cambodgiens.

Pour moi, c’est toujours délicat d’aborder ce type de lecture pour deux raisons :

  • Je ne comprends pas comment de telles choses puissent avoir lieu dans notre monde, ni que des hommes puissent avoir une soif de pouvoir aussi démesurée.
  • Je suis rassurée, et horrifiée, par les témoignages de ces survivants qui permettent au monde de connaître leur histoire pour qu’elle ne tombe jamais dans l’oubli

Loung Ung reprend le déroulé de sa vie depuis la « veille » de l’évacuation de Phnom Penh jusqu’à la chute du régime. Plusieurs années d’esclavagisme, de persécutions et de tortures, de peur et de famine, d’embrigadement et de haine.

Ce livre est prenant par la simplicité et la dureté des mots de son auteure : dans cette autobiographie, c’est une petite fille qui parle, une petite fille de 5 ans qui relate ses souvenirs de guerre et de famine. Une petite fille qui a brutalement été poussée dans le côté le plus obscur du monde.

Au fil des pages, j’ai eu l’impression d’accompagner Loung Ung dans une introspection des sentiments qui l’ont guidé tout au long de cette épreuve : la colère, la tristesse et un indestructible espoir de voir tomber le régime qui a détruit le socle de sa vie : sa famille.

Au-delà du contenu douloureux évoqué dans les pages de D’abord, ils ont tué mon père, ce livre m’est apparu comme une sorte d’autel à la mémoire des proches disparus de l’auteure : elle partage avec ses lecteurs des photos de son père, sa mère et ses frères et sœurs.  C’est une démarche très intime, touchante et percutante. Avec ces images, elle nous rappelle qu’ils doivent être reconnus par le monde entier, de même que le martyr des Cambodgiens à cette époque de leur histoire.

Combien de vies détruites ? Combien de familles pillées ?

Loung Ung finira par retrouver une partie de sa famille lors de l’intervention dans le pays par le Vietnam voisin et pourra rejoindre les États-Unis pour s’y reconstruire.

Malgré l’atmosphère un peu pesante et triste de cette chronique, j’espère vraiment que vous aurez l’occasion de lire D’abord ils ont tué mon père aux éditions J’ai Lu car c’est un témoignage marquant, et indispensable, d’une guerre de notre époque qui n’est pas assez connue à mon sens.

Je n’ai pas encore vu l’adaptation cinéma réalisée par Angelina Jolie mais je pense me pencher dessus très prochainement 🙂

 

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